Le risque du développement relationnel
Lorsque que je
rencontre les managers, les chefs
d’entreprises, les dirigeants, je suis souvent étonné de découvrir à quel point
mes interlocuteurs sont démunis face aux réactions de leurs collaborateurs.
Leurs connaissances de l’Homo œconomicus sont empiriques et souvent très
insuffisantes. Ils n’en comprennent ni la nature, ni le fonctionnement. Pour
garder une certaine maitrise, on observe alors une double tentation : Soit
le développement des règles contraignantes et de l’autoritarisme (hyper
normalisation) plutôt l’apanage du secteur privé; soit la tentation de
l’abandon managérial et du laxisme, plutôt observé dans les administrations
ou dans le monde associatif. Ces deux excès peuvent avoir des conséquences
dramatiques.
Voici ce que l’on peut
lire dans un rapport public consacré aux risques psycho sociaux : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/104000081/0000.pdf
« La
formation au management proposée dans les écoles de commerce et d’ingénieurs,
ainsi que dans les cursus universitaires, n’est pas une formation à la conduite
des équipes. D’après une étude réalisée par la commission des titres d’ingénieur8,
65% des ingénieurs interrogés estiment que leur formation initiale ne les a pas
préparés à « s’intégrer dans une organisation, à l’animer et à la faire évoluer
». Seuls 15% s’estiment sensibilisés par leurs études « aux relations sociales
».
Même si l’on sent aujourd’hui les prémisses d’un
enseignement Anthropologique, Social et Philosophique dans certaines grandes
écoles, les Dirigeants qui sont en postes actuellement n’ont bénéficiés, dans
le meilleur des cas et en tout et pour tout, que d’une très vague approche de
la philosophie au cours de leur année de terminale.
Et pourtant !
L’entreprise avant d’être
une réalité technique et économique est une nécessité Anthropologique (l’Homme aspire
à entreprendre et à améliorer le monde dans lequel il vit), une réalité sociale
(pour entreprendre l’Homme a besoin d’être en contact avec des congénères), et
repose toujours sur une cause philosophique de finalité (en quoi ce que
j’entreprends est bon pour moi et pour les autres).
L’Homme est au cœur de
l’entreprise. Il n’est pas d’entreprise humaine qui ne soit d’une façon ou
d’une autre au service de l’Homme. L’entreprise est donc toujours par l’Homme
et pour l’Homme. L’enjeu pour les dirigeants c’est d’amener l’ensemble des
collaborateurs à prendre conscience de la réalité du bien qu’ils
proposent à leurs clients et partenaires et à détourner leur attention qui est
aujourd’hui égocentrée. Nous vivons à l’heure de l’individualisme et ce qui
compte avant tout, c’est de réussir son « épanouissement personnel ».
Cet égocentrisme est aggravé par le sentiment de peur qui domine dans une
société en crise. Nous comprenons bien l’importance qu’il y a à s’épanouir dans
son travail. La découverte et la mise en œuvre de ses talents est un gage
d’épanouissement. Mais nous ne devons pas oublier que « sans les autres,
rien n’est possible ». L’épanouissement de soi est possible soit en
asservissant les autres à ses besoins et ses désirs individuels et
« autrui devient l’enfer », soit en étant attentif aux désirs et aux
besoins des autres pour que les autres soient attentifs à nos propres désirs et
à nos propres besoins. La première approche est une approche de soumission, la
deuxième une approche d’association.
Voilà ce que peut donner
schématiquement le développement d’une entreprise autocentrée sur le dirigeant
et la satisfaction de ses désirs et besoins individuels
Le Manager ne comprend
pas la nécessité ni ne prend le temps de partager avec ses collaborateurs ses
projets et sa vision du développement de son entreprise ou de son service. Il
en porte seul la compréhension intelligible. Il ne développe avec son
environnement qu’une relation d’utilité. Pour que ses collaborateurs
accomplissent les taches nécessaires à l’aboutissement du projet, il fragmente
le travail en définissant le plus précisément possible les contours de chaque
poste et de chaque fonction. Il cherche ensuite à « acheter » des
compétences susceptibles d’accomplir ces tâches. Il exerce alors une autorité
de contrainte pour que chacun « fasse
son travail ».
Le manager prend le temps
de construire une relation de confiance avec ses collaborateurs. Il s’efforce
de leur donner une compréhension intelligible de la situation, de ses projets
et de sa vision du développement de l’entreprise et de les faire évoluer par
une confrontation bienveillante avec chacun.
Il adapte les postes et les fonctions en fonction des talents et des
compétences de chacun. Il cherche des collaborateurs qui manifestent le désir
de coopérer au projet en étant attentif à créer toujours les conditions d’une
libre adhésion à ce projet. Il consulte et délègue laissant le soin à chacun de
s’approprier son action pour y mettre le meilleur de lui-même. En mettant en
lumière la finalité de l’entreprise et la vision dont il est porteur, il créé
les conditions d‘une compréhension intelligente de la situation et d’une
adhésion libre et consentie à participer à ce développement.
Comment créer les
conditions d’une relation constructive ?
La relation dans
l’entreprise repose sur 4 types de relations habituelles :
-
La relation instantanée :
C’est ce que nous faisons chaque jours et à chaque instant en échangeant avec
ceux qui nous entourent dans le but d’accomplir les tâches qui nous sont
confiées. La force de l’habitude fait que bien souvent nous ne soignons pas ou
plus ces relations particulières (nous ne disons plus bonjour, plus de s’il
vous plait, de merci, nous ne prenons plus le temps de nous intéresser
réellement à ce qu’est l’autre et à ce qu’il vit…) Et pourtant ! Ces
relations représentent plus de 90% du temps que nous passons ensemble.
-
Les moments privilégiés
en face à face : Ces
moments sont indispensables pour réguler les relations dans des échanges et ils
reposent sur « la mise en commun de nos repères imaginaires ». Sans ce type d’entretiens individuels, nous
prenons le risque du développement d’idées
préconçues, des fausses idées qui peuvent se transformer en bruits de couloirs
puis en rumeurs…
-
Les moments privilégiés
en équipe : Ce
sont des temps ou on se retrouve en équipe pour faire autre chose que ce que
l’on fait d’habitude : travailler ensemble. Cela permet de découvrir ceux
qui nous entourent en les voyants sous un autre jour et dans un autre contexte.
Cela favorise la connaissance et la reconnaissance mutuelle.
-
Les relations
indirectes : Il
s’agit principalement de l’internet avec les mails et les réseaux sociaux. Ils
apportent de nouvelles possibilités mais ne remplaceront jamais un entretien en
face à face. Une mauvaise utilisation de ces nouveaux outils créé le stress et
la distance.
Si nous prenons du temps
pour travailler nos relations et d’apprendre à connaitre ceux qui nous
entourent professionnellement, si nous acceptons de dire qui nous sommes et ce à quoi nous
aspirons, nous prenons au pire le risque que rien ne change et au mieux que
tout s’arrange. C’est un risque à prendre.
Lorsque que je
rencontre les managers, les chefs
d’entreprises, les dirigeants, je suis souvent étonné de découvrir à quel point
mes interlocuteurs sont démunis face aux réactions de leurs collaborateurs.
Leurs connaissances de l’Homo œconomicus sont empiriques et souvent très
insuffisantes. Ils n’en comprennent ni la nature, ni le fonctionnement. Pour
garder une certaine maitrise, on observe alors une double tentation : Soit
le développement des règles contraignantes et de l’autoritarisme (hyper
normalisation) plutôt l’apanage du secteur privé; soit la tentation de
l’abandon managérial et du laxisme, plutôt observé dans les administrations
ou dans le monde associatif. Ces deux excès peuvent avoir des conséquences
dramatiques.
Voici ce que l’on peut
lire dans un rapport public consacré aux risques psycho sociaux : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/104000081/0000.pdf
« La
formation au management proposée dans les écoles de commerce et d’ingénieurs,
ainsi que dans les cursus universitaires, n’est pas une formation à la conduite
des équipes. D’après une étude réalisée par la commission des titres d’ingénieur8,
65% des ingénieurs interrogés estiment que leur formation initiale ne les a pas
préparés à « s’intégrer dans une organisation, à l’animer et à la faire évoluer
». Seuls 15% s’estiment sensibilisés par leurs études « aux relations sociales
».
Même si l’on sent aujourd’hui les prémisses d’un
enseignement Anthropologique, Social et Philosophique dans certaines grandes
écoles, les Dirigeants qui sont en postes actuellement n’ont bénéficiés, dans
le meilleur des cas et en tout et pour tout, que d’une très vague approche de
la philosophie au cours de leur année de terminale.
Et pourtant !
L’entreprise avant d’être
une réalité technique et économique est une nécessité Anthropologique (l’Homme aspire
à entreprendre et à améliorer le monde dans lequel il vit), une réalité sociale
(pour entreprendre l’Homme a besoin d’être en contact avec des congénères), et
repose toujours sur une cause philosophique de finalité (en quoi ce que
j’entreprends est bon pour moi et pour les autres).
L’Homme est au cœur de
l’entreprise. Il n’est pas d’entreprise humaine qui ne soit d’une façon ou
d’une autre au service de l’Homme. L’entreprise est donc toujours par l’Homme
et pour l’Homme. L’enjeu pour les dirigeants c’est d’amener l’ensemble des
collaborateurs à prendre conscience de la réalité du bien qu’ils
proposent à leurs clients et partenaires et à détourner leur attention qui est
aujourd’hui égocentrée. Nous vivons à l’heure de l’individualisme et ce qui
compte avant tout, c’est de réussir son « épanouissement personnel ».
Cet égocentrisme est aggravé par le sentiment de peur qui domine dans une
société en crise. Nous comprenons bien l’importance qu’il y a à s’épanouir dans
son travail. La découverte et la mise en œuvre de ses talents est un gage
d’épanouissement. Mais nous ne devons pas oublier que « sans les autres,
rien n’est possible ». L’épanouissement de soi est possible soit en
asservissant les autres à ses besoins et ses désirs individuels et
« autrui devient l’enfer », soit en étant attentif aux désirs et aux
besoins des autres pour que les autres soient attentifs à nos propres désirs et
à nos propres besoins. La première approche est une approche de soumission, la
deuxième une approche d’association.
Voilà ce que peut donner
schématiquement le développement d’une entreprise autocentrée sur le dirigeant
et la satisfaction de ses désirs et besoins individuels
Le Manager ne comprend
pas la nécessité ni ne prend le temps de partager avec ses collaborateurs ses
projets et sa vision du développement de son entreprise ou de son service. Il
en porte seul la compréhension intelligible. Il ne développe avec son
environnement qu’une relation d’utilité. Pour que ses collaborateurs
accomplissent les taches nécessaires à l’aboutissement du projet, il fragmente
le travail en définissant le plus précisément possible les contours de chaque
poste et de chaque fonction. Il cherche ensuite à « acheter » des
compétences susceptibles d’accomplir ces tâches. Il exerce alors une autorité
de contrainte pour que chacun « fasse
son travail ».
Le manager prend le temps
de construire une relation de confiance avec ses collaborateurs. Il s’efforce
de leur donner une compréhension intelligible de la situation, de ses projets
et de sa vision du développement de l’entreprise et de les faire évoluer par
une confrontation bienveillante avec chacun.
Il adapte les postes et les fonctions en fonction des talents et des
compétences de chacun. Il cherche des collaborateurs qui manifestent le désir
de coopérer au projet en étant attentif à créer toujours les conditions d’une
libre adhésion à ce projet. Il consulte et délègue laissant le soin à chacun de
s’approprier son action pour y mettre le meilleur de lui-même. En mettant en
lumière la finalité de l’entreprise et la vision dont il est porteur, il créé
les conditions d‘une compréhension intelligente de la situation et d’une
adhésion libre et consentie à participer à ce développement.
Comment créer les
conditions d’une relation constructive ?
La relation dans
l’entreprise repose sur 4 types de relations habituelles :
Si nous prenons du temps
pour travailler nos relations et d’apprendre à connaitre ceux qui nous
entourent professionnellement, si nous acceptons de dire qui nous sommes et ce à quoi nous
aspirons, nous prenons au pire le risque que rien ne change et au mieux que
tout s’arrange. C’est un risque à prendre.