Le déficit d’engagement des
collaborateurs dans le projet de l’entreprise vient, sans aucun doute, de la
prédominance de la peur et du stress dans l’environnement professionnel.
Une étude du cabinet Stimulus
montre que 24% des collaborateurs se jugent en état « d’hyperstress »
(niveau dangereux pour leur santé) et que 52 % ressentent un niveau d’anxiété
élevé (2017).
Qu’est-ce que le stress ? C’est
un
déséquilibre perçu entre ce qui est exigé de la personne et les
ressources dont elle dispose pour répondre à ces exigences.
Les situations de stress répétées
conduisent à la mise en place d’une fatigue chronique qui empêche l’individu de
prendre le recul nécessaire pour faire face à la situation et augmente son
stress.
Le stress est donc un facteur
majeur de la souffrance pathogène au travail.
Pour faire face à cette
souffrance, plusieurs types de stratégies peuvent se mettent en place.
Des stratégies individuelles :
La première de ces stratégies, la
plus courante, malheureusement, c’est la fuite en avant.
C’est celle vers laquelle nous
pousse le niveau d’exigences toujours plus élevées dans lequel nous vivons
professionnellement. Cette fuite en avant se manifeste par la mise en place d’une
« agitation professionnelle », d’une « hyper activité » qui
mène parfois au burnout ou pire encore.
La deuxième stratégie
individuelle est une réaction plus réflexive. C’est la mise à distance
raisonnée de l’objet de la souffrance par rapport à la souffrance vécu. Il
s’agit de prendre le temps « d’analyser les causes et les conséquences de
ce qui me fait souffrir et d’agir pour que cela cesse ».
Cette stratégie nécessite la mise
de l’émotion à sa juste place : une place d’indicateur (celle d’un danger
potentiel quand il s’agit de la Peur)
Dans la fuite en avant, l’émotion
prend le commandement de la personne au dépend de la raison (réflexe).
Dans la démarche réflexive, la
raison doit reprendre sa place pour garder le commandement (réflexion).
Malheureusement, si certaines personnes
prennent le temps de l’analyse, peu aujourd’hui osent mettre en œuvre les
stratégies nécessaires pour réduire le niveau de stress : discussion avec
sa hiérarchie, recherche de compromis, changement d’orientation professionnelle
… Les actions qu’ils devraient entreprendre pour limiter leur stress alimentent
leurs peurs et augmentent encore plus en eux le stress !
Nous sommes une génération
aliénée à notre position sociale et à nos possessions. Cela rend difficile voire
impossible la prise de risque que nécessite la mise en place d’une véritable stratégie
professionnelle. Nous ne sommes plus libres, nous sommes entravés. On doit à la
vérité que certaines personnes sont véritablement dans des situations
difficiles. Mais aucune situation n’est désespérée et ce qui permettra un
avenir meilleur dépend de ce que nous décidons aujourd’hui. Encore faut-il
décider de quelque chose et arrêter de subir.
Cette stratégie réflexive peut se
traduire aussi par ce que j’appellerais un « recadrage imaginaire ».
Beaucoup de nos peurs sont irrationnelles et non fondées. Elles sont parfois
idéologiques.
Hormis le fait que vivre c’est
prendre des risques et que notre nature est mortelle, beaucoup de danger
supposés sont en réalité fort peu probables. Conduire sa voiture, c’est prendre
un risque, mais la probabilité d’avoir un accident mortel est aujourd’hui
minime. Selon la sécurité routière, nous risquons 6 accidents mortels par
Milliard de Kms parcourus. La probabilité d’avoir un accident mortel est de
0,000 000 006 par kilomètre parcouru ! Si vous faites 20 0000 kms par an
pendant 60 ans, vous avez parcourus 1 200 000 kms. Pour faire 1 000 000 000 de
Kms, il vous faudrait… 50 000 ans !! Vous pouvez en théorie conduire 8 300
ans sans risquer d’avoir un accident mortel ! N’ayez plus peur !
Conduisez !
Ce recadrage imaginaire peu
permettre à une personne de réaliser que le « déséquilibre »
supposé entre ce qui lui est demandé et les « ressources disponibles
pour y arriver » n’est pas si important qu’il n’y parait. Nous avons
pleins de ressources insoupçonnées, encore faut-il que nos managers, que les
personnes ayant autorité sur nous nous laissent la possibilité de les éprouver.
Et si nous n’avons pas seul les ressources pour y parvenir, d’autres les ont peut-être.
C’est collectivement que le progrès avance. C’est donc un des rôles fondamental
du manager que de créer les conditions favorables pour que ses collaborateurs
ne se mettent pas en situation stress devant un problème attendant de leur
manager la solution, mais prennent le recul nécessaire pour trouver les
ressources qui vont leur permettre de régler le problème eux même.
Des stratégies collectives :
Ces stratégies collectives sont
du même ordre.
Elles peuvent se borner à nier le
danger en le relativisant à outrance ou en refusant de le prendre en compte.
Cela amène à des conduites à risque (déni de réalité). On se trouve alors dans
un délire collectif de fuite en avant au-delà de toute raison avec un réel danger
de violence physique et psychologique sur les personnes (je n’ose plus exprimer
mes doutes et mes peurs de peur de passer pour un « maillon faible »).
Elles peuvent aussi être l’occasion
de mise en perspective des dangers potentiels dans un devoir de transparence pour
amener les personnes à les prendre en compte et à les accepter librement comme
faisant partie intégrante de l’aventure commune.
Pour lever les facteurs de stress
au travail, il est donc indispensable de faire œuvre d’intelligence collective.
Intelligence qui va redonner du sens à l’engagement personnel et collectif.
Intelligence qui permettra à chacun de re-choisir librement de s’engager dans
le projet commun.