LA PLACE DU TRAVAIL
DANS LA QUETE DU BONHEUR
« L’homme le plus heureux est
celui qui sait mettre en rapport la fin de sa vie avec le commencement » Goethe
« Le Bonheur c’est l’accomplissement
de soi à travers l’accomplissement d’une œuvre exigeante, collective,
utile et sans cesse perfectible »
Voici donc la définition du bonheur
sur laquelle je vous propose de reposer notre réflexion.
Au regard de cette définition, quoi
de plus légitime que la réalisation d’un travail comme voie de bonheur ?
Si être heureux c’est s’accomplir, à travers l’accomplissement d’une œuvre, le
travail humain est de toute évidence une voie royale pour être heureux. C’est d’ailleurs
de qui donne un sens merveilleux au mot « ouvrier ». Celui qui accompli l’œuvre.
Etre heureux c’est exprimer à travers
l’œuvre de sa vie sa singularité d’Homme ou de Femme. Etant des êtres
imparfaits, vivant dans un univers infini, notre bonheur repose sur notre capacité
à travailler la matière et à œuvrer ensemble à l’amélioration de notre condition
humaine. Et cette œuvre ne trouve son sens que dans le fait qu’elle soit
collective : avec les autres et pour les autres. C’est à la fois une
nécessité, une contrainte et une finalité. Et le paradoxe c’est que, nous sachant
mortel, c’est finalement plus dans ce que nous laissons aux autres, ce que nous
faisons pour les autres que dans ce que nous faisons pour nous même que nous
développons un sentiment de bonheur « accompli ».
Il n’y a pas de légitimité économique
pour une entreprise si ses clients n’acceptent pas de donner de la valeur au
service ou au produit proposé. La « relation heureuse » de toute
entreprise humaine avec son environnement c’est de coopérer au développement d’un
sentiment de « bonheur » chez ses clients. Il suffit de regarder,
pour s’en convaincre, la teneur des messages publicitaires. Pour vendre un
produit quel qu’il soit, le publiciste s’évertue à créer un environnement censé
représenter une image du bonheur : un pavillon, deux enfants (un garçon,
une fille) un chien, une très belle femme qui mange… un yaourt… Sans ce yaourt,
le bonheur sera, évidemment, moins intense !
Si les clients ne sont pas «
satisfaits » du service ou du produit proposé par l’entreprise, ils ne
renouvellent pas leur acte d’achat. Il n’y a pas d’entreprise qui ne soit au
service d’un besoin ou du désir d’au moins une personne. Chaque action dans
chaque entreprise de ce monde trouve son sens parce que « in fine »
une personne trouvera de l’utilité, une satisfaction à l’usage du bien ou du
service produit.
Fabriquer des voitures, c’est se
mettre au service du besoin de mobilité des personnes. Tel est la finalité des
constructeurs automobiles. Mais également de l’industrie aéronautique et de
l’industrie ferroviaire… Ils répondent tous à la même finalité, la mobilité,
mais ne le font pas avec la même vision. Si dans un avenir prochain nous
n’avons plus besoin de nous déplacer, alors l’industrie automobile disparaitra
ou sera contrainte d’évoluer vers une autre finalité. Et chacun peut comprendre
combien le fait de se déplacer confortablement et rapidement est aujourd’hui
une facilité pour « s’accomplir » à travers un travail, des voyages, diverses
œuvres qui donnent un sens à notre vie.
Il nous faut ici distinguer le
besoin du désir. Le besoin peut être considéré comme une nécessité, la
consommation d’un « bien » indispensable pour pouvoir œuvrer dans ce
monde.
Le désir c’est ce superflu qui répond
plutôt à une volonté de maitrise du sentiment de bonheur. La
satisfaction d’un désir est ce qui provoque le plaisir. La satisfaction d’un
besoin est ce qui provoque la joie, un sentiment d’apaisement.
Le plaisir peu participer au bonheur.
Ce n’est pas le bonheur. Il n’est pas nécessaire d’avoir du plaisir pour être
heureux. Lorsque que je gravis le Mont Blanc, la souffrance de l’ascension n’est
pas un moment de plaisir. Mais la valeur subjective que je donne et que les
autres donnent à cette ascension provoque la joie. J’accompli un « exploit » !
Si je désir « boire un coup »
lorsque je sors avec des amis, ce n’est pas tant que je doive étancher ma soif,
mais bien parce que l’état d’ébriété que me procure l’effet de l’alcool agit
comme une « joie » artificielle. C’est la même chose pour toutes les
drogues. Le danger de la quête des plaisirs artificiels c’est le risque de l’addiction.
En recherchant le paradis, on risque de trouver l’enfer. Il ne s’agit évidemment
pas ici de poser une valeur morale sur ce phénomène. Ce n’est pas le lieu. Il s’agit
d’observer une réalité qui peut détourner certains de l’accession à un
sentiment de bonheur profond.
Certaines activités économiques sont
plus orientées vers la satisfaction de désirs que de besoins. Ces activités,
souvent, jouent sur le ressort efficace économiquement de fidélisation par l’addiction.
Certains désirs deviennent des
besoins. Avoir un ordinateur portable dans les années 80-90 relevait plus du
désir que du besoin. Aujourd’hui, pour beaucoup de personnes, c’est un besoin,
une nécessité pour pouvoir travailler.
Dans les années 80-90, le désir lié à
la possession de ce portable était la volonté de paraitre comme quelqu’un de
moderne, en avance sur son temps. Un désir d’image.
L’évolution des produits et de l’identité
de la marque Apple est tout à fait symptomatique.
La vente des produits Apple répond
toujours initialement à un désir et non à un besoin. Ces produits finissent par
devenir un besoin lorsque toute le monde en possède. Il y a un phénomène d’addiction
à la consommation des produits de cette marque. Le fait que certaines personnes
dorment plusieurs jours devant les magasins au moment de la sortie de nouveaux
produits en est la preuve.
A la semaine prochaine !!!
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