DE LA RAISON A LA
PENSEE, DE L’EXECUTION A L’ACTION
Voici donc la personne
humaine avec ses 4 dimensions (Cœur, Corps, Esprit, Sentiments) parachutée
dans ce monde sans en avoir eu ni le désir, ni la volonté. Forte d’une
puissance interne de vie elle est poussée chaque jour à œuvrer pour un « plus
grand bonheur ».
La vie qui s’offre à elle
est une vie « naturelle ». Elle subit les contingences de la vie terrestre.
Elle est écologique par nature puisqu’elle est une partie intégrante de cette
nature. L’Homme vit dans la nature, sur la Terre, dans l’Univers.
Ce qui le différencie de
toute les autres espèces présentent sur la terre, ce qui le différencie de la
matière, c’est qu’il est le seul être capable de « penser » cette
nature. Il est le seul être capable de se poser la question de son origine et
de sa destinée. Il est le seul capable de réfléchir à la cause de son origine
et à la finalité de son existence.
Il est donc par nature
transcendant. Il perçoit et comprend qu’il y a une réalité « au-delà du
perceptible », au-delà du réel objectif et éprouvé.
Cette réalité est
intrinsèque à la personne humaine. Elle est essentielle (dans le sens où elle
fait partie de son essence même).
Priver la personne
humaine de l’exercice de son intelligence, de cette capacité essentielle de
comprendre la cause et la finalité de son existence, la portée de ses actions,
c’est la priver de sa nature même, de ce qui fait sa spécificité.
Au nom d’un idéal
sécuritaire, au nom de la quête utopique de la « qualité totale », au
nom de la course effrénée à la performance, nous constatons que la
multiplication des normes, la multiplication des règles a une terrible
conséquence : la perte de la dignité du travailleur.
Suivre des procédures, appliquer des règles sans n’avoir eu ni la possibilité
de participer à leurs élaborations, ni le loisir de prendre le temps de les
comprendre, c’est agir comme une machine ou comme un animal dressé.
Le cheval exécute un
travail. Il n’en comprend pas le sens. Il répond par réflexe à des
sollicitations pour lesquels il a été dressé.
Atteint dans sa dignité,
le travailleur se désintéresse alors de son travail et ne l’identifie plus
comme un moyen privilégié d’œuvrer à son bonheur. Il se désengage et le
résultat obtenu par celui qui l’embauche est exactement à l’opposé de ce qu’il
espérait : Moins de performance, moins de qualité et plus de risques.
Mais surtout, il a perdu
le trésor même de son entreprise, ce qui la différencie de toutes les
autres : la capacité de ses collaborateurs à créer, à inventer, à prendre
le risque de l’inédit, de l’inexistant, de l’innovation. Il a perdu sa capacité
de changer le monde.
Nos écoles supérieures
produisent en quantités des individus capables de raisonner. Ils ont été formatés
pour reproduire des schémas éprouvés.
On confie aujourd’hui aux
algorithmes informatiques les « prévisions d’avenir ». L’algorithme,
la capacité à raisonner ont bien peu de chose à voir avec l’intelligence
humaine, la capacité de penser de la personne humaine.
La raison ne se pose pas,
en effet, la question de la cause originelle d’un problème, de sa cause transcendante,
de la raison potentiellement surnaturelle de son origine. Elle ne s’embarrasse
pas non plus de comprendre la finalité existentielle de l’action mise en œuvre.
Elle s’en tient à un objectif et à des faits observables. Or la pensée humaine
ne se limite pas qu’à des faits observables, qu’à des objectifs à atteindre.
Elle va au-delà de la simple (ou complexe) reproduction d’opérations éprouvées.
Elle est capable d’intuitions. C’est ce qui fait toute la limite de
« l’intelligence artificielle ». Elle n’a rien d’intelligent
puisqu’elle n’est capable que de construire des raisonnements sur des solutions
déjà éprouvées. Il n’y a pas d’intelligence artificielle parce qu’il n’y a pas
d’intuitions artificielles.
L’intuition, la
transcendance de la personne humaine, sa dimension spirituelle en font un être
définitivement différent. Il a cette capacité à prendre de la hauteur et à se
poser des questions d’un ordre éminemment supérieur.
Redonner aux
collaborateur cette capacité à prendre de la hauteur, à réfléchir aux tenants
et aux aboutissants de leur engagement dans l’accomplissement de l’œuvre
commune, à participer à l’élaboration intelligente du projet et des solutions
pour le mettre en œuvre est un gage d’intelligence, de dignité, de fierté et
est source de bonheur. Et c’est le seul moyen pour faire de chaque
collaborateur un acteur de l’entreprise. C’est pour cela que la question du
sens est une donnée essentielle dans la construction de la motivation.
Le cheval de trait exécute
un travail, l’Homme agit pour une cause.
A la semaine prochaine …
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