« Connaitre, ce n’est point démontrer, ni expliquer, c’est accéder à la vision »

Antoine de Saint-Exupéry

dimanche 26 novembre 2017

Le Bonheur au travail (suite)

LE BONHEUR A UN COUT

Finalement, après un rapide voyage à travers les illusions du bonheur, la question reste entière. Le bonheur est-il possible ? N’est-ce pas définitivement un mythe ? Sommes-nous personnellement éligibles au bonheur ?

Pour répondre à cette question, voici la définition du bonheur que je vous propose :

« Le Bonheur c’est l’accomplissement de soi à travers l’accomplissement d’une œuvre exigeante, collective, utile et sans cesse perfectible »

Accomplissement de soi, parce que, être soi, c’est un mouvement perpétuel, un devenir permanent et que le besoin de développement est une force vive contre laquelle il est vain de lutter.
On n’est, en effet, jamais, à chaque instant, « ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre… ». Je suis la même personne que lorsque j’étais enfant, mais je ne suis plus la même. Si à 6 ans on m’appelait par mon prénom et mon nom, je répondais présent. Aujourd’hui pareillement. Mais je n’ai plus les mêmes caractéristiques physiques, intellectuelles et spirituelles de l’enfant de 6 ans que j’étais. Le destin humain c’est donc de croitre et de se développer puis de se développer. Croitre et se développer jusqu’à l’âge de 20-22 ans et se développer jusqu’à la fin de sa vie.
Devenir soi, c’est découvrir chaque jour de nouvelles caractéristiques spécifiques de sa personnalité, observer les évolutions permanentes de sa personne, les dons uniques de son être profond et agir pour développer des talents et accomplir une œuvre dans laquelle on peut se reconnaitre, dans laquelle il est possible de retrouver un « bout de soi-même ». On ne peut pas se dépasser comme l’expression « dépassement de soi » le laisserai croire, mais, en relevant des « défis », on peut s’accomplir, découvrir de nouvelles ressources en soi et se développer.

Vivre heureux, ce pourrait être : « se découvrir chaque jour un peu plus ». Et se découvrir c’est retirer ce qui nous couvre, ce qui nous cache à nous-même et aux autres. Se découvrir, c’est prendre le risque de se voir différent que le fantasme de nous-même. Se voir tel que nous sommes réellement infinis mais limités.

Accomplissement d’une œuvre, parce que le sentiment de bonheur est toujours le résultat de la mise en œuvre d’un projet. Plus le projet a été difficile, plus les embuches ont été importantes pour accomplir la tâche et bénéficier d’un résultat, plus le sentiment de bonheur est intense. Atteindre le sommet du Mont Blanc, c’est un projet qui demande des efforts. Atteindre le sommet du Mont Blanc en hélicoptère, c’est plus facile et moins engageant que de l’atteindre à pied. Atteindre le sommet du Mont Blanc en hélicoptère ne provoque pas la même joie ni la même fierté que de l’atteindre à pied, même si, quand je suis au pied du Mont Blanc, mon penchant naturel pourrait m’incliner vers la facilité (Bien être, moins de contraintes, plus de sécurité…) et choisir l’hélicoptère. Le bonheur a un coût.

Œuvre utile, parce que l’utilité donne du sens à l’engagement et à l’accomplissement. Pour pouvoir être fier de ce que j’accompli, il est nécessaire que le résultat soit : Bien, Beau ou Bon. L’utilité permet aussi l’effort nécessaire à l’accomplissement.
L’utilité peut parfois se résumer à la simple nécessité de s’accomplir. Il n’y a pas toujours de valeur objective dans ce que j’accompli mais il y a toujours nécessité d’une valeur subjective qui donne son sens à l’œuvre. Et l’accomplissement de soi peut être une valeur subjective en soi. Gravir le Mont Blanc n’a pas d’utilité objective. Il faut redescendre et on ne construit rien de réel. Ça ne laisse pas de traces. Mais la difficulté de l’épreuve et la fierté que l’on en retire donne du sens à l’action ce qui en fait une œuvre potentiellement utile. C’est dans l’imaginaire individuel et collectif que se construit alors l’utilité de l’œuvre.

Accomplissement d’une œuvre collective parce qu’il n’existe pas dans ce monde d’œuvre que ne soit pas le résultat d’un travail collectif. Si vous faites l’ascension du Mont Blanc en solo, le matériel que vous emportez et qui est nécessaire à votre ascension est le résultat du travail de conception et de réalisation de toute une équipe.

Sans cesse perfectible parce que l’Homme détient dans sa nature profonde le besoin et la capacité de repousser toujours les limites de ses connaissances et de son efficience.  
Il n’existe pas d’œuvre parfaite, il n’existe que des œuvres abouties. Il est indispensable de prendre en compte cette réalité pour pouvoir « gouter son bonheur ». Espérer la perfection c’est la garantie de vivre d’intenses frustrations. Confucius disait : « le Bonheur c’est le chemin ». Ce qui rend heureux ce n’est pas de constater l’écart qu’il y a entre mon rêve et ce que j’ai réalisé, mais la beauté de ce que j’ai réalisé et le chemin de perfection qu’il reste à parcourir pour parfaire cette œuvre.

Ce qui rend l’Homme heureux, c’est donc d’accomplir une œuvre « essentielle ».
L’essence de la personne humaine, c’est ce qui constitue la nature profonde de l’être. Une œuvre essentielle, c’est une œuvre qui entre en lien avec cette nature profonde, qui réponde aux aspirations profondes de la personne.
Pour être heureux, il faut œuvrer à changer le monde. A changer son monde.


A la semaine prochaine !!!




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